Maquette d'un navire négrier

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Maquette d'un navire négrier, 18e siècle, hêtre peint et plomb, 15 x 51 cm, bibliothèque de l'Arsenal, Paris.

 


Source : Jean Metellus, Marcel Dorigny, De l'esclavage aux abolitions, Cercle d'Art, 1998

 

    Mirabeau fit faire cette maquette qui s'ouvrait en deux parties. Elle s'inspirait de la coupe du navire négrier, The Brookes, réalisée et diffusée par les abolitionnistes anglais. Il s'agissait de frapper l'opinion en montrant la réalité des conditions de transport des esclaves. Voici un extrait du discours de Mirabeau lorsqu'il l'offrit le 15 mars 1790 à la Société des Amis des Noirs : « Voyez le modèle d'un navire chargé de ces infortunés ... Ecoutez ces hurlements, voyez les derniers efforts de ces malheureux qui se sentent suffoquer ... Suivons ce navire, ou plutôt cette longue bière flottante. »

    Les esclaves étaient enferrés deux par deux, le fer de la jambe gauche de l'un relié au fer de la jambe droite de l'autre. Puis, on les faisait descendre dans l'entrepont où ils couchaient nus sur les planches. L'entrepont n'avait guère plus de 1,70 m de haut, parfois moins. Pour avoir plus de place, on divisait cette hauteur par la moitié en installant, tout autour, des « faux-ponts », sortes d'étagères assez robustes pour supporter de nombreux corps. Déduction faite de l'épaisseur des planches, chaque captif disposait de 83 cm de hauteur. Un homme petit pouvait s'asseoir, un grand se tenir sur les coudes. Au centre pas de faux pont. La longueur attribuée à chacun était de six pieds (en mesure anglaise), soit 1,80 m. [1]

Eric MESNARD

1.
Deschamps Hubert, Histoire de la traite des Noirs de l'Antiquité à nos jours, op.cité.