Troc d'esclaves (31 mars 1788)

 

    « Par devant nous avocat en parlement et notaire général du Conseil Supérieur de Saint-Domingue pour la partie du Nord et le notaire de la juridiction du Cap-Français y résidant soussignés

    « Fut présent M. Antoine-François Bayon de Libertat habitant au Limbé résidant au Haut-du-Cap étant ce jour en cette ville lequel a par les présentes vendu, cédé, transporté et promis garantie de tous troubles, saisies, revendications et autres empêchements généralement quelconques et faire jouir au nommé Blaise Bréda nègre libre demeurant en cette ville paroisse Notre-Dame de l'Assomption à ce présent et acceptant acquéreur pour lui et ses ayant cause

    « Une négresse nommée Zabeth à Magdelaine de nation créole âgée de dix-huit ans couturière sans étampe que ledit Blaise Bréda déclare bien connaître pour l'avoir vue et visitée dont il est content et s'en reconnaît possession par la remise que ledit sieur Bayon de Libertat lui en fait ce jour.

    « Pour par lui en jouir et disposer comme de chose lui appartenant en propriété au moyen de la présente vente faite pour la somme de sept mille cinq cents libres que ledit Bayon de Libertat reconnaît avoir reçu dudit Blaise Bréda en trois négresses vendues à ce dernier à bord du navire commandé par le sieur Chevillard à l'adresse de MM. Delair, Chauvin et Dumourtier, lequel sieur Bayon choisit desquelles trois négresses ledit Blaise Bréda fait vente par ces présentes audit sieur Bayon de Libertat en acceptant qui demeure chargé du prix desdites trois négresses et décharge ledit Blaise Bréda de ladite somme de sept mille cinq cents livres.

    « Déclare ledit Blaise Bréda n'avoir pu remettre audit sieur Bayon de Libertat la vente desdites trois négresses pour la raison qu'il lui a été accordé un an pour en payer le solde pourquoi il se soumet de la remettre quand ladite solde sera payée audit sieur Bayon qui de sa part déclare n'avoir point ici la vente de la nommée Zabeth et la remettra audit Blaise Bréda incessamment.

    « Se dessaisissant ledit sieur Bayon de Libertat de la propriété dont il avait droit sur la nommée Zabeth en faveur dudit Blaise Bréda qui s'en reconnaît saisi et en possession et de sa part s'est dessaisi de la propriété dont il avait droit sur lesdites trois négresses en faveur de Bayon de Libertat qui s'en reconnaît pareillement saisi et en possession.

    « Car ainsi le tout a été convenu, stipulé et accordé entre les parties qui pour l'exécution des présentes ont chacune à leur égard affecté, obligé et hypothéqué tous leurs biens meubles et immeubles présents et futurs dont acte requis et octroyé promptement et obligeamment et renonçant, etc.

    « Fait et passé au Cap en l'étude l'an mil sept cent quatre-vingt huit le trente un mars et ledit Blaise Bréda déclare ne savoir ni écrire ni signer dûment interpellé par les notaires soussignés au gré de l'ordonnance du roi et ledit sieur Bayon de Libertat a signé avec nous ces présentes pour doubles minutes en vertu de l'édit du roi »

Signatures : Bayon de Libertat Polinery Grimperel




 


Source : registre de Me Grimperel, notaire au Cap-Français, année 1788 - Centre des Archives d'Outre-Mer (Aix-en-Provence), DPPC, not St Dom, reg. 869