L'esclavage comme réalité et l'esclavage comme métaphore politique [1]


Une métaphore de juriste

    « Entre tous les biens dont on a sujet de pleurer la perte, la liberté sans doute est des principaux. Il est malaisé d'être esclave au milieu de mille personnes libres sans être touché de son esclavage. C'est pourquoi la France se doit réveiller et sentir le poids de l'effroyable tyrannie sous laquelle elle gémit. [...] Et je ne saurais m'empêcher de souhaiter [à ma patrie] qu'elle comprenne que les Privilèges des peuples ne souffrent point de prescription et ne périssent point par l'usurpation des Princes, et qu'ainsi un siècle ou deux de tyrannie ne lui ôtent pas le droit de se remettre en liberté. »

 


Source : Pierre JURIEU, Les soupirs de la France esclave qui aspire après la Liberté, 1er septembre 1689, Amsterdam, 1689