L'esclavage ne saurait être fondé sur le consentement de l'esclave mais sur le droit de tuer lié à la punition d'une faute ou à la conquête dans une guerre juste

 

    Ce texte, situé au début d'un ouvrage considéré comme une source majeure du libéralisme politique en Europe, ne porte pourtant pas une condamnation absolue de l'esclavage, mais plutôt de l'idée que celui-ci pourrait être fondé sur le consentement. Locke, de manière assez traditionnelle fonde juridiquement l'esclavage sur le droit de punir, qui peut aller jusqu'au droit de tuer, dont dispose tout homme à l'état de nature à l'égard des criminels, et qui dans l'état civil est transféré à un magistrat. Il le fonde également sur le droit du vainqueur sur le vaincu dans une guerre juste. Dans les deux cas l'esclavage apparaît comme sursis à une légitime peine de mort. Nous voyons ici Locke s'efforcer, au prix d'une contorsion intellectuelle, de maintenir un lien entre esclavage et principes universels du droit. Ce faisant il n'échappe pas à une contradiction radicale : l'esclavage est un lien entre deux hommes qui présuppose le rejet de toute forme de contrat donc de lien social.

Vincent GREGOIRE