Un marron armé d'un fusil, Surinam, années 1770
Planche XXX, Nègre rebelle en faction, gravé, d'après les dessins de l'auteur, par Tardieu Lainé, rue des Noyers n° 3.
Source : Voyage à Surinam et dans l'intérieur de la Guiane, contenant La relation de cinq Années de Courses et d'Observations faites dans cette Contrée intéressante et peu connue ; Avec les détails sur les Indiens de la Guiane et les Nègres ; par le capitaine J. G. Stedman ; collection de 44 planches, A Paris chez F. Bruisson, Imprimeur –libraire, rue Hautefeuille, N 20 an VII de la République. Arch.Dep. Guyane : cote : 4 res 30
On peut distinguer : au premier plan la tenue du marron (kalimbe), son arme, sa hache et sa gourde, essentiels pour survivre, la présence du crâne qui souligne la violence et la dangerosité du marronnage et à l'arrière plan, les milices des poursuivants. Cette gravure étant une des rares illustrations du marron, est devenue une figure emblématique de la résistance à l'esclavage.
Le Surinam est une colonie hollandaise de plantations sucrières, exigeant une main d'œuvre abondante (environ 75 000 esclaves en 1775). La privation de liberté, les mauvais traitements génèrent un fort marronnage souvent peu de temps après l'arrivée des Africains. Les expéditions militaires ne peuvent venir à bout de ces rebelles qui multiplient les incursions contre les habitations. En mai 1761, le gouvernement du Surinam reconnait l'indépendance des Djuka et les autorise à s'installer sur le fleuve Maroni, frontière avec la Guyane française. En 1762, un accord identique est signé avec les Saramaka. En 1772, de nouvelles bandes de marrons se réunissent autour d'Aluku et de Boni Bokilifu, et détruisent les habitations de la rivière Cottica. Le gouverneur du Surinam fait appel à la métropole qui lève contre eux une armée de 1 200 soldats blancs dirigés par le colonel Fourgeoud.
Jean-Gabriel Stedman, jeune officier de 24 ans, servant dans la brigade écossaise, auservice de la Hollande, sollicite son admission dans ce corps expéditionnaire. De 1772 à 1777, il participe, au Surinam, à la guerre livrée contre les marrons et en fait un récit illustré de gravures. Il y décrit la société coloniale de la fin du XVIIIe siècle à laquelle il adhère mais met en évidence, les relations entre les maîtres et les esclaves, l'inhumanité des planteurs, la violence du sort des esclaves noirs.
Jacqueline Zonzon